Athenaïs de Béru
24 novembre 2021
Photos: Benoit Guenot
Text: Jill Cousin
Au mois de mai, lorsque je retrouve Athénaïs de Béru sur ses parcelles de chardonnay, les vignes peinent encore à se remettre des violents épisodes de gel qu’elles ont essuyées en avril. Aux grands maux, les doux remèdes, la vigneronne et son équipe depuis, pansent les plaies avec des infusions de plantes et accompagnent le vivant avec bienveillance.
In May, when I meet Athénaïs de Béru on her plots of Chardonnay, the vines are still struggling to recover from the brutal frosts that they suffered in April. Here, desperate times call for gentle measures, however – the winemaker and her team have since been feeling their wounds with herbal infusions, and supporting the living with kindness.
Reportage à retrouver en intégralité dans MONOPOLE MAGAZINE
Depuis ma rencontre avec Athénaïs de Béru en février 2018 lors d’un déjeuner réunissant une squadra de femmes épatantes, s’est construite une jolie amitié. Ma première gorgée de “Chablis Montserre” remonte à cette même date. Je me souviens avoir été touchée par la précision et la délicatesse du breuvage mais aussi par l’humilité de la vigneronne. Ce jour-là, la Bourguignonne nous racontait comment elle en était arrivée, il y a une quinzaine d’années, à quitter son poste parisien dans la finance pour reprendre les rênes du domaine bourguignon, dans sa famille depuis cinq siècles. Une histoire familiale en pointillés entre le dernier millésime de son père en 1993 et la reprise des 15 hectares par Athénaïs. “Ma famille a toujours exploité des vignes. Cependant, le vignoble a connu des périodes de rupture. La première, du temps de mes grands-parents lorsque le phylloxéra a détruit tout le vignoble français.” C’est son père, au début des années 1980, qui replante les vignes parsemées sur les collines du village de Béru à quelques encablures de Chablis. “Par pudeur, mon père ne nous a jamais forcés, mon frère et moi, à reprendre le domaine. Il est arrivé dans le vin par passion, ses parents avaient essayé de l’en dissuader. Mon père souhaitait que l’on suive notre voie. Il nous a donné une culture du vin très tôt et très forte mais son métier de vigneron, il n’en parlait qu’à demi-mot.” Après une expérience de bénévole en Amérique Centrale au sein d’une association en charge de former des agriculteur.rice.s aux préceptes de l’agriculture biologique, sensibilisée aux enjeux écologiques et convaincue des méfaits de la chimie sur la santé et l’environnement,
Athénaïs convertit dès 2006 la totalité du vignoble en bio. “Cela n’a pas été facile, nous avons un climat compliqué, avec beaucoup d’humidité et une pression importante au mildiou. Il a fallu apprendre, comprendre.” Mais très vite, cette grande femme blonde aux billes bleues en guise d’yeux a l’impression d’être philosophiquement limitée par la bio. “On restait dans un système curatif à attendre qu’il y ait le feu pour l’éteindre.” Naturellement et parce qu’elle perçoit la dégustation de ces vins comme plus vibrante, Athénaïs s’attarde sur la biodynamie. “En agriculture, ce courant consiste à aller chercher une autre forme d’équilibre, à comprendre comment fonctionne la plante…